France: Précarité, chômage, déprime... ces mères isolées sous le radar social

2017-01-03 22:09:49 - Pour les jeunes femmes mères et seules, les difficultés s'accumulent. A la surprécarité, au surchômage et à la surdéprime s'ajoutent le regard souvent culpabilisateur des services sociaux, voire celui de l'entourage.

Soudain, devant ses conseillères stupéfaites, Mme la Ministre des Familles casse le morceau. "Si je me préoccupe de monoparentalité, dévoile Laurence Rossignol, c'est qu'il s'agit d'une inégalité supplémentaire entre les hommes et les femmes. Ce ne sont pas les femmes qui abandonnent leurs enfants et refusent de payer la pension alimentaire, mais les hommes !"

Ce constat d'évidence n'avait jamais été formulé. Ou pas aussi crûment. Les interventions publiques n'étaient guère ciblées, se contentant de viser la pauvreté en général - ou le mal-logement, ou l'absentéisme scolaire - avec le peu de succès que l'on sait. Au nom de la morale, en effet, les esprits conservateurs refusent d'offrir un coup de pouce spécifique à une fille qui, avant ses 20 ans, se trouve seule, encombrée de trois enfants sans père.

Paradoxalement, au nom d'un progressisme aveugle se pratique la même ignorance : une part dominante des féministes, qui voient la "stigmatisation" partout, estime que le secours apporté aux mamans épuisées par leur solitude casse le mythe de la femme parfaite, capable de mener de front carrière, vie sentimentale et projet familial.

Face à ce double déni, Laurence Rossignol réagit en «ministre féministe des familles» et estime "impossible d'aborder la situation de la femme moderne en ignorant la vulnérabilité supplémentaire que constitue la monoparentalité". S'agissant d'une situation de surpauvreté, surprécarité, surchômage, surdéprime, éprouvée par une famille sur cinq (!), il s'agit d'un petit pas pour la sociologie, mais d'un grand pas pour le féminisme.

Daniel -Bernard (Marianne)

: France Monde